La météo du parcours vue par Christian Dumard

  • Partager

Consultant météo de la Vendée Arctique – Les Sables d’Olonne, Christian Dumard décrypte les schémas météorologiques de la trajectoire de la flotte vers le cercle polaire arctique, et les conditions de navigation qui en découlent.

Des Sables d’Olonne au Fastnet

« Tout peut arriver. Lors de la première édition, 35 nœuds balayaient la route vers le Fastnet. Il y avait 60 nœuds, en plein été, lors de la terrible Fastnet race 1979, qui avait décimé la flotte… Ce qui est compliqué, c’est qu’il n’y a pas de place pour jouer avec les systèmes entre la pointe Bretagne et le mythique phare irlandais, qu’il faut laisser à tribord. On joue donc avec ce qu’on a ; on subit autant la pétole (le calme plat) que le mauvais temps, selon ce qui advient. La mer Celtique peut être mauvaise ».

Cap au nord

« Sur le grand morceau de bravoure qui mène à l’Islande, il y a un couloir où passent les dépressions qui viennent de Terre-Neuve et des États-Unis. Elles sont repoussées vers le nord et circulent vers l’ouest ou l’est de l’Islande. Il faudra croiser ces couloirs de dépression, et pour cela, choisir le meilleur moment pour traverser. La complexité vient du fait qu’elles se déplacent assez vite, ce qui requiert beaucoup de vigilance. Cela induit que des écarts peuvent vite se creuser ou, à l’inverse, que des regroupements peuvent se produire. Deux bateaux séparés de trente milles pourraient ne pas avoir les mêmes conditions, l’un jouant avec le système et l’autre pas. Ce sera très sympa pour les suiveurs de la course ; c’est la promesse de beaucoup de travail à bord, avec des manœuvres régulières, des changements de voile et beaucoup de travail de navigation (détermination de la route à suivre). Aller jusqu’en Islande est exigeant ; en repartir également, et il y aura du travail jusqu’au retour aux latitudes de la Bretagne. Même si les dépressions ne sont pas très creuses, elles feront que les conditions ne seront jamais les mêmes. Les skippers seront sur la brèche, comme s’il s’agissait d’une très grande étape de la Solitaire du Figaro ».


Des glaces ?

« En principe, si on reste proche de l’angle nord-ouest de l’Islande – le plus proche du Groenland  –, on n’y verra pas de glace : elle est 30 à 60 milles plus à l’ouest. La glace descend en effet le long du Groenland. La banquise (l’eau gelée) qui est le long du Groenland se casse en cette période de l’année, et quelques icebergs (issus des glaciers) peuvent aussi descendre le courant froid qui longe le Groenland et fait route du nord au sud. Là, l’eau est froide, environ 0°. À l’inverse, les eaux de l’Islande sont à 8-10 degrés en juillet. A leur rencontre se forment de petits gyres, des mouvements de rotation dus au fait que les eaux de températures différentes ont du mal à se mélanger. Ces zones favorisent la présence de divers nutriments, et donc la présence de faune marine. Mais c’est loin du passage des bateaux ».