La providence venue du froid

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Lors d’une course au large, l’attention se porte sur les skippers et leur bateau. Sur les pontons, il y a aussi ces hommes de l’ombre qui jouent un rôle prépondérant. C’est le cas d’Ingvar Björnsson. En quelques heures, ce directeur d’une petite école de voile islandaise a réussi à trouver un emplacement et autant de bouées d’accueil que d’IMOCA pour mettre à l’abri l’intégralité de la flotte qui fuyait la dépression. 

Lorsque les skippers prennent le départ de la course le 12 juin dernier, ils s’apprêtent à faire le tour de l’Islande. En parallèle, La direction de course a déjà pris contact avec plusieurs ports en Islande et la fédération de voile du pays, par précaution.

Cinq jours plus tard, la situation météo se détériore au sud de l’île. Les conditions de navigation deviennent dantesques. La course est arrêtée à la porte Islande. Sur place Ingvar intervient : "Quand la sécurité des personnes est en jeu, je n’hésite pas à aider. Je suis fasciné par le défi que relèvent ces marins. Quand la situation a commencé à devenir critique, le directeur de course m’a contacté. Tout s’est enchaîné. Les skippers et les équipes ont commencé à m’appeler un par un pour chercher un abri et de l'aide."

Ingvar

"Ingvar a répondu de manière extraordinaire"

Pour la direction de course, son aide va s’avérer très précieuse : "Ingvar a répondu de manière extraordinaire. Il a réussi à mobiliser du monde autour de lui, trouver des solutions qu'on n'avait pas forcément identifiées explique Yann Chateau, adjoint à la direction de course. On avait identifié des possibilités d'abri pour un bateau mais pas pour une flotte entière, et lui il a réussi à trouver, c'était assez fou !"

Après l’arrêt de la course, 24 IMOCA doivent trouver refuge. Finalement cinq d’entre eux viendront s’abriter dans les fjords islandais. Charlie Dalin (APIVIA) et Thomas Ruyant (LinkedOut) mouillent dans le fjord de Faskrudsfjordur. Suivent Nicolas Lunven (Banque Populaire), Denis Van Weynbergh (Laboratoires de Biarritz) et Kojiro Shiraishi (DMG MORI GLOBAL ONE). À chaque fois, Ingvar, aidé par des locaux, leur vient en aide : "J’ai obtenu l’autorisation de mettre les bateaux à cet endroit. Mes fils et des membres du club de voile m’ont donné un coup de main. Les bateaux avaient besoin d'aide pour attraper les bouées et être guidés dans la zone d'amarrage."

"C’était comme s'ils voyaient un vaisseau spatial"

Le skipper japonais se souvient encore de ces deux jeunes amateurs de voile venus lui prêter main forte. Curieux et émerveillés par le bateau, Kojiro les fait monter à bord : "C’était comme s'ils voyaient un vaisseau spatial. Je suis extrêmement reconnaissant envers toutes les personnes qui m'ont aidé dans le Fjord. Je les remercie du fond du coeur. Ils étaient tous professionnel et m'ont vraiment aidé. Ils étaient tous accueillant et j'en suis reconnaissant. Ce sont des rencontres qui marquent à vie et j'espère un jour revenir pour les remercier pour leur assistance."

Si Ingvar ne faisait pas partie officiellement de la direction course, il a été considéré comme l’un de ses membres à part entière pendant cette étape islandaise. Nul doute qu’il sera de nouveau de la partie dans quatre ans.

Kojiro