Météo : les raisons de la neutralisation

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Le choix de l’Organisation, jeudi soir, fait suite à cet épisode dépressionnaire qui secoue actuellement la flotte. Les skippers auraient pu se confronter à des conditions très délicates. L’arrière de la flotte bataille déjà avec parfois des pointes à 60 nœuds. Christian Dumard, le météorologue de la course et Yoann Richomme, consultant pour la Vendée Arctique - Les Sables d’Olonne, reviennent sur cette décision.  

"Quand on voit une grosse tache rouge qui s’étend sur tout l’écran, on sait que ce ne sera pas facile à gérer". Isabelle Joschke (MACSF) résume à sa manière la préoccupation du moment pour les skippers. Cette "grosse tâche rouge", c’est cette dépression qui s’est formée dans le Sud-Ouest de la flotte et qui se creuse progressivement vers le Nord-Est de l’Islande.

"Ça peut engendrer des risques conséquents"

Ses conséquences sont multiples pour la flotte. Pour les hommes de tête, elle aurait obligé à affronter des conditions particulièrement difficiles. "La dépression se décale vers le Nord-Est de l’Islande, explique Christian Dumard, le consultant météo de la course. Le vent va ensuite toucher la zone de course dans la journée de samedi". Ainsi, les skippers qui dominent le classement auraient eu à faire face "à des vents très forts sur la journée de vendredi et de samedi matin sur la route direct avec du vent d’Ouest très fort", poursuit Christian. "Avec du vent de travers, la mer vient taper sur les bateaux, ce qui peut engendrer des risques conséquents".

"Il y a aussi une dimension géographique à la problématique, poursuit Yoann Richomme, consultant pour la Vendée Arctique - Les Sables d’Olonne. La zone de course est assez isolée et cela rend compliqué toute possibilité de sauvetage en cas d’avaries conséquentes. Il n’y a pas de ‘fuites’ possibles. Ce n’est pas comme s’ils devaient affronter des rafales de 50 nœuds au large de la Bretagne ! " Et le skipper, dont l’IMOCA sera mis à l’eau l’an prochain, d’ajouter : "légalement, c’est la responsabilité du directeur de course et il vaut parfois mieux être un peu trop ‘safe’ que pas assez". C’est également le point de vue de Giancarlo Pedote (Prysmian Group) pour qui la décision de l’Organisation est légitime. "Il y a trop de mer, ça pouvait mettre en danger les skippers, explique-t-il. Tous les choix qui sont liés à la sécurité sont toujours de bons choix".

Au cœur de la dépression

À l’arrière de la flotte, la dépression est déjà une réalité. Dans la matinée, Romain Attanasio progressait difficilement à 26-27 nœuds et les alertes sonnaient à bord de Fortinet-Best Western. Fabrice Amedeo (Nexans-Arts & Fenêtre), lui, évoquait 45 nœuds de vent établis et des rafales à 50 nœuds. "J’ai 53 nœuds actuellement et j’ai eu des pointes à 60 nœuds", poursuivait Arnaud Boissières (La Mie Câline). "Ça tartine, ce n’est vraiment pas de tout repos", ajoutait Alan Roura (Hublot). "Si la mer est plutôt correcte – 3 à 4 mètres de creux – le vent pourrait monter jusqu’à 50 nœuds dans la journée en fonction de leur progression", assure Christian Dumard.

Ce qui rassure, c’est la qualité des bateaux. Yoann Richomme l’atteste : "ce sont des bateaux solides qui ont été éprouvés. Au départ, ils n’auraient pas pu tenir une telle cadence s’ils n’étaient pas parfaitement fiabilisés". Néanmoins, les conditions devraient s’améliorer en fin de journée ce samedi. "La dépression va se combler dès la fin de la nuit et s’évacuer", conclut ainsi Christian Dumard.