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Franchir le cercle polaire à la longitude de son choix : la révolution 2026

Pour sa troisième édition, la Vendée Arctique – Les Sables d’Olonne réinvente son histoire. Le 7 juin 2026, les coureurs IMOCA s’élanceront en solitaire du port vendéen vers le cercle polaire (66° Nord), qu’ils devront franchir à la longitude de leur choix, avant de revenir boucler la boucle là même d’où ils sont partis. Un changement de règle majeur qui ouvre un éventail stratégique inédit. Nicolas Lunven - 6e du dernier Vendée Globe, 10e de la dernière Vendée Arctique et météorologue reconnu - décrypte ce tracé qui fait surgir un territoire de jeu totalement différent.

Iceberg en pleine mer
© Sébastien Marsset

Vendée Arctique :

Qu’est-ce qui rend ce parcours si singulier ?

Nicolas Lunven
Skipper et météorologue

Déjà, on ne va pratiquement jamais là-haut. Sur la carte, ce n’est “pas si loin” de l’Europe. Mais 66° Nord, ce sont des eaux glaciales, une lumière différente, et des systèmes météo largement plus violents. Pour donner une image, c’est environ dix degrés plus au nord que ne l’est le cap Horn au sud (56° Sud). Et pourtant, on a tous intégré le Horn comme synonyme absolu du “bout du monde”. Cela donne tout de suite l’échelle réelle. 

Nicolas Lunven
© Julien Champollion - Polaryse

Vendée Arctique :

La distance est à peu près celle d’une transat. Pourquoi est-ce une fausse comparaison ?

Nicolas Lunven
Skipper et météorologue

Parce que la logique météo est opposée. Sur une transat, au bout de deux ou trois jours, tu sors des zones complexes du début et tu tends vers des régimes plus installés, jusqu’aux alizés. Dans cette zone, les dépressions peuvent se succéder très rapidement. L’alternance entre air chaud et air froid renforce les contrastes de pression, ce qui accélère la formation de vent. On peut ainsi passer d’une période très active à une zone quasiment sans vent en seulement 24 heures. C’est une route où tout change très vite, sans inertie ni routine.

Vendée Arctique :

Comment prépare-t-on une course où l’on a quasiment zéro historique ?

Nicolas Lunven
Skipper et météorologue

Avec plus d’humilité. Sur les routes vers l’Ouest, on a des dizaines d’éditions, des milliers de milles en course. On sait où se trouvent les points structurants. Là, non. Bien sûr qu’il y a des données. Mais rien n’a été vraiment éprouvé en IMOCA à ces latitudes. On ne sait jamais complètement à quoi s’attendre. Cette incertitude oblige à garder toutes les portes ouvertes, beaucoup plus tard que d’habitude dans la préparation. 

Vendée Arctique :

Cette liberté de choisir son point de passage à 66° Nord, c’est là que tout bascule ?

Nicolas Lunven
Skipper et météorologue

Oui. C’est même la révolution. Ce n’est pas juste une marque fixe au nord. C’est un point de franchissement que tu choisis. Et tu dois penser l’aller et la descente. Si tu ne raisonnes que sur la montée vers ta porte, tu peux te piéger sévèrement ensuite. Et je suis convaincu qu’on verra des marins privilégier une montée un peu moins directe pour viser une descente plus rapide trois ou quatre jours plus tard. Ça va ouvrir le jeu, et probablement de façon assez spectaculaire. 

Vendée Arctique :

Au fond, que va révéler cette Vendée Arctique ?

Nicolas Lunven
Skipper et météorologue

La capacité d’anticiper. Pas seulement d’exécuter. C’est une course qui va mettre en lumière la façon dont chaque marin modélise l’inconnu. Les uns et les autres pourront aller chercher des portes très différentes, et cette liberté va rendre la course extrêmement lisible pour ceux qui suivent : on verra les philosophies se matérialiser à l’écran. Et c’est exactement là que ça devient passionnant. 

Nicolas Lunven
© Julien Champollion - Polaryse

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