Trois choses à savoir sur les bizuths

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Huit skippers ont entrepris de faire leurs premiers pas en solitaire en IMOCA cette saison ; tous nourrissent l’ambition de courir le Vendée Globe 2024. Partons à leur rencontre !

Antoine Cornic (Ebac Literie)

Sa vie : Fils d’un ancien de l’équipe de France de 470, dériveur olympique, Antoine a, lui, le goût du large. Ses cycles de carrière l’ont amené à une alternance dans ses vies de marin, d’une part, et de restaurateur d’autre part. En février dernier, il a vendu son dernier restaurant pour rouvrir, à 42 ans, le chapitre course au large.

Sa Vendée Arctique : « Personne ne sait où on va, même ceux de la première édition. Est-ce qu’on va faire le tour ? Je l’espère ! Qu’est-ce qu’on va découvrir ? Je ne sais pas. C’est un peu le retour de l’aventure en bateau, ça correspond à mon IMOCA. Je n’ai aucune prétention de victoire. Je veux finir et raconter des choses humaines. Cette course est top pour moi ».

L’info en plus : Un matelas porte son nom. Un clin d’œil de son partenaire, Ebac literie, leader français de la fabrication de matelas, et qui a donné le prénom Antoine à un matelas 100% recyclé et recyclable, récompensé par le prix de l’innovation du dernier Salon du meuble. Depuis 20 ans, Ebac travaille avec du plastique récupéré, en mer notamment.


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Louis Duc (Fives – Lantana Environnement)


Son bateau : Il a sauvé un bateau victime d’un incendie, à savoir l’ancien de Clément Giraud, qui a pris feu sur le ponton de la Transat Jacques Vabre 2019. « Ça a été toute une histoire de trouver des gens pour nous accompagner dans cette sauvegarde ». Ce bateau a sa place dans la légende du Vendée Globe. Il portait les couleurs de PRB lors du Vendée Globe 2008-2009. Alors qu’il sauvait de l’eau Jean Le Cam aux alentours du cap Horn, Vincent Riou est contraint d’abandonner après un démâtage consécutif à un choc avec le bateau de Jean. L’organisation le reclassera finalement à la place qu’il occupait alors : la 3e.

Ses remerciements : Ils vont à Fabrice Amedeo, à d’autres skippers de la classe IMOCA et à Michel Desjoyeaux. Après sa superbe 14e place sur la Transat Jacques Vabre 2021 conquise avec Marie Tabarly, Louis a laissé son équipe – experte – convoyer le bateau vers le continent, mais un démâtage est survenu. Ce fut tout une histoire de trouver un nouveau mât, et la solidarité a joué. Et c’est chez Michel Desjoyeaux que Louis a trouvé son bonheur : un mât de 2012 exactement taillé comme il le fallait. Avec ce mât optimisé et de nouvelles dérives, le skipper de Fives – Lantana Environnement a séduit de nouveaux partenaires. Un mal pour un bien.

Sa Vendée Arctique : « L’Arctique me va très bien, je suis un gars du nord, la chaleur m’est insupportable. J’y suis allé déjà, dans ce coin : j’ai couru une course qui s’appelait la Paimpol – Reykjavik, on montait jusqu’en Islande. Je sais à quoi m’attendre en termes de températures et de dépressions. Je suis aussi allé me promener avec Xavier Macaire dans le sud du Groenland, je suis allé vers les Lofoten. J’aime beaucoup, ça change les habitudes ».

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Benjamin Ferré (Monnoyeur – Duo For A Job)

L’Atlantique au sextant : Aventurier avant d’être skipper, Benjamin Ferré s’est lancé en effectuant une transatlantique au sextant, à l’ancienne. « On avait évalué que ça durerait 3 semaines et demie… il nous a fallu trois mois ». Par chance, il y a de l’électronique à bord de son IMOCA, l’ex-Macif avec lequel François Gabart a remporté le Vendée Globe 2012-2013.

Les conseils d’Anne Le Cam : Poussé par Jean le Cam à tenter l’aventure Vendée Globe, Benjamin Ferré profite des conseils du grand sage (ou pas) pour progresser. Lors de la Guyader Bermudes 1000 Race, première course du printemps, il a perdu « 4 kilos en 5 jours. Anne a pris en main mon programme nutrition ». Il faut toujours écouter Anne Le Cam.

Joue ton jeu : « À chaque fois que j’ai essayé de naviguer un tout petit peu au-dessus de mon niveau, j’ai eu des problèmes », raconte le skipper, qui était pourtant prévenu. Par Jean le Cam, qui a constitué autour de lui une équipe collaborative afin de mutualiser un certain nombre de sujets : « Dès que tu fais le kéké, tu prends des claques ». Clac, clac.

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Nicolas Lunven (Banque Populaire)

Objectif n°1 : Remplaçant de luxe de Clarisse Crémer, enceinte, à la barre de l’IMOCA Banque Populaire (l’ex-DCNS, ex-Comme Un Seul Homme, ex-Groupe APICIL), Nicolas Lunven s’est fixé « des objectifs de moyens, à savoir naviguer proprement, ménager le bateau et respecter le rythme de ce qui m’attend. Il faudra bien marier les curseurs de compétition et de sécurité ». La voie a l’air bonne : il a terminé 4e de la Guyader Bermudes 1000 Race ce printemps, alors qu’il découvrait juste le bateau.

Objectif n°2 : Lancé dans un projet Vendée Globe 2024, le double vainqueur de la Solitaire du Figaro trouve là l’occasion de renforcer ses ambitions : « Ces courses d’avant-saison m’apportent un grand bol d’oxygène. Elles me permettent également de prendre ma place dans le match pour la sélection au Vendée Globe, un match difficile. J’ai la chance de pouvoir marquer des points pour mon projet et de renforcer mon expérience ».

L’Arctique : « C’est un saut dans l’inconnu. Le tour de l’Islande sera difficile. L’île est extrêmement haute, ce qui peut générer des vents très compliqués, et l’eau y est froide ».

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Sébastien Marsset (Cap Agir Ensemble – #SponsorsBienvenus)

La grande boucle : Il en a fait trois : deux lors de la Volvo Ocean Race, faisant partie de l’équipe de Franck Cammas, victorieuse en 2011-2012 ; il a aussi couru le Trophée Jules-Verne sur le maxi-trimaran Spindrift. Le revoici poursuivant sa passion de ministe, animé de l’envie de « faire le tour du monde en solitaire, il est temps ». Sa fonction de team manager de Romain Attanasio lors du dernier Vendée Globe a achevé de le rassurer : « Si Romain m’a fait confiance, c’est que je suis légitime ».

Son Arctique : « Je m’attends à l’Atlantique nord au printemps. La latitude la plus Nord est 67°N, ce qui annonce des conditions potentiellement engagées, avec du froid. Il faudra contourner l’Islande, ce qui signifie 1200 milles en bord de côtes, avec ce que cela représente de courants, de trafic, de variations ».

Son bateau : Construit pour Jérémie Beyou en 2006, l’ex-Delta Dore a dû attendre une troisième tentative pour arriver au bout du Vendée Globe, en 2016-17 avec Louis Burton aux commandes. C’est aussi celui qu’Érik Nigon a confié à Clément Giraud sur la dernière édition (22e) ; il est le plus âgé de la flotte. Lors de sa première course à son bord, la Guyader Bermudes 1000 Race, Sébastien Marsset a terminé 13e sur 24 participants. Le Nantais a trouvé la clé de contact.

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Guirec Soudée (Freelance.com)

Brrrr : « On part dans le nord et j’en suis très heureux. On va passer le cercle polaire, faire le tour de l’Islande, où je ne me suis jamais arrêté. On va rencontrer peut-être des glaçons, ce que je ne souhaite finalement pas parce que, même si ça pourrait être joli, les bateaux ne sont pas faits pour ça ». Vrai : le composite de son IMOCA est moins solide que l’acier du Scorpion 9 avec lequel il a fait le tour du monde par les pôles. À cette occasion, le Costarmoricain a aussi hiverné des mois dans la banquise. Le froid ne doit pas lui faire peur. 

Piou piou : « Je suis passé d’une deux-chevaux à une Ferrari, et ma foi, c’est agréable de faire des milles. Sur ma dernière aventure, j’ai fait des ronds parce que mon bateau n’était pas rapide. Là, tout est gros, il y a de la tension partout. Il faut savoir trouver la limite, mais ça avance ! Je suis hyper honoré d’être dans ce milieu. Je suis le petit poussin dans le poulailler. Je cherche à progresser ».

Cot cot cot : Monique, la poule qui l’a accompagné sur son long tour du monde, n’est pas autorisée à courir la Vendée Arctique, course en solitaire, mais son skipper prend soin d’elle. « Elle est ménopausée et ne fait plus beaucoup d’œufs. C’est la vie, mais elle va bien ».

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Denis Van Weynbergh (Belge, Laboratoires de Biarritz)

Le nord ?  « J’ai passé le cercle polaire à pied, en 1987. L’organisation a eu la volonté d’aller vers un schéma hors normes. Tant mieux ! C’est symbolique, ça fait partie de l’apprentissage de compétences que de savoir s’adapter à l’inconnu. Il y a plus d’aventure ».

L’objectif : Le skipper belge veut finir dans les 150% du temps du premier, limite posée par l’organisation de la course avant la fermeture de la ligne d’arrivée. « Si on revient du gros temps sans grosse casse, on aura rempli un objectif ».

Bénévoles : Aux Sables d’Olonne, où il a « un casier à mon nom dans le vestiaire », puisqu’il y a installé son projet, Denis van Weynbergh s’appuie sur des bénévoles, séduits par son projet. « Ces bénévoles font la grandeur du projet. Ces gens bossent après 18h et tard dans la nuit sur le bateau. Ils ont créé une association indépendante de moi pour travailler en totale légalité, tout est net ».

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Szabolcs Weöres (Hongrois, Szabi Racing)

Touche-à-tout : Comme son mentor Nandor Fa, Szabi a touché divers sports (voir ci-dessous). Nandor Fa a fait de la lutte, du canoë et de la voile olympique.

Iron man : Lorsqu’il a arrêté la voile, le Hongrois s’est lancé dans la course à pied, bouclant sept marathons (dont certains en moins de 3h) et se lançant à fond dans le triathlon. Il a couru des Ironman, courant en moins de 9h, et se qualifiant pour Kona, le championnat du monde.

La voile : Szabi est issu d’une famille de navigateurs. Sa sœur a représenté la Hongrie en 470 aux JO d’Athènes 2004. Elle est mariée à Ian Ainslie, Sud-Africain qui n’a pas de lien avec Sir Ben Ainslie. C’est ainsi que Szalbocs Weöres, gréeur de métier, s’est retrouvé à participer à la Coupe de l’America dans l’équipe sud-africaine Shosholoza.

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