Isabelle Joschke : "ce sera difficile à gérer"

La navigatrice de MACSF, dans la vacation de l’après-midi, salue la décision de la direction de course mais évoque néanmoins la complexité à manœuvrer avec la dépression qui s’annonce.

"On savait que ça allait être ambitieux de faire le tour de l’Islande en IMOCA et en solo. Et puis cela fait plusieurs jours que l’on constate que les conditions n’allaient pas être maniables donc je comprends totalement la décision de la direction de course. Une fois passé la porte de l’Islande, il va bien falloir redescendre et ce sera compliqué. Ça fait trois jours que j’ai les yeux rivés là-dessus. Quand on voit une grosse tâche rouge (matérialisant la dépression) qui s’étend sur tout l’écran, on se dit que ce sera difficile à gérer. L’expérience, ça aide mais ça n’empêche pas d’avoir peur."

Kojiro Shiraishi : "le plus important, ne pas casser"

Interviewé dans le cadre des vacations, le skipper japonais revient sur sa volonté de préserver son bateau, évoque la décision de la direction de course et ses "rencontres" au cœur de l’océan.

"C’est la décision de la direction de course et de la Vendée-Arctique et je respecte tout à fait cette décision, merci pour tous ceux qui l’ont prise. Le plus important pour moi, c’est de ne pas casser le bateau et être le plus en sécurité possible. J’ai réussi à réparer tous les petits détails qui avaient été cassés depuis le début. La seule chose que je crains, c’est mon 1er ris mais il n’y a pas de souci majeur à signaler. Je tiens à faire attention jusqu’au bout. Mais je prends beaucoup de plaisir. Ça a été le cas notamment hier avec une lune très claire ou encore quand j’ai eu la visite d’oiseaux qui sont venus sur le bateau. Pendant le Vendée Globe, j’avais déjà eu quelques oiseaux venus près des côtes, ça arrive souvent en mer. La seule chose que j’espère sait qu’ils puissent retrouver une terre ferme parce qu’eux aussi sont au milieu de nulle part."

 

Pourquoi les marins de la Vendée Arctique ne feront pas le tour de l'Islande ?

Parcours modifié : les skippers ne feront pas le tour de l’Islande

Compte tenu des conditions météorologiques très difficiles annoncées, les 24 coureurs ne pourront finalement pas faire le tour de l’Islande. Un nouveau parcours de 3300 milles est redessiné !

Le tracé modifié de la Vendée Arctique

Petit point météo avec Giancarlo Pedote !

N'hésitez pas à activer les sous-titres.

Le classement de 11h

1- Charlie Dalin (Apivia)

2- Jérémie Beyou (Charal), à 100,7 milles nautiques

3- Thomas Ruyant (LinkedOut), à 138,4 milles nautiques

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À la rencontre des marins internationaux de la Vendée Arctique

Sur les 25 concurrents au départ de la 2e Vendée Arctique – Les Sables d’Olonne, huit représentaient des nations autres que la France. Après l’abandon du Hongrois Szabolcs Weores, ils sont encore sept en course. Qui sont ces marins ? Quels sont leurs objectifs ?

Conrad Colman : "Je préfère largement avoir trop de vent que pas assez"

Conrad Colman (Imagine) attendait avec impatience le retour du vent, à bord d'un bateau qui lui joue parfois des tours mais pour lequel il ressent déjà de l'attachement. 

"La pétole est extrêmement difficile psychologiquement. Il y a certainement une part de malchance pour se retrouver deux fois englué en si peu de temps. Je préfère largement avoir trop de vent que pas assez. Dans le vent fort, on est maître de son destin, on subit moins. La relation avec mon bateau se met en place. Je me suis vite senti à l’aise à bord, je le comprends bien. Par manque de budget, on n’a rien changé à bord depuis le Vendée Globe de Maxime Sorel. Pas mal d’équipements sont fatigués à bord. Je subis quelques problèmes techniques à cause de ce matériel trop vieux. En fait, mon bateau c’est comme un pote qui fait au mieux pour être dans les clous mais qui arrive toujours un peu en retard, qu’il faut relancer plusieurs fois. C’est pour fiabiliser ce bateau et avoir totale confiance en lui que je cherche des partenaires."

Giancarlo Pedote : "Péter un câble ne change pas les choses"

Le skipper italien de Prysmian Group a abordé avec philosophie la phase sans vent. Il a depuis retrouvé de la vitesse. 

"Dans la pétole, péter un câble ne change pas les choses et ne fait pas venir le vent. On apprend à garder une psychologie ferme et on fait au mieux pour aller chercher le nouveau vent. On n’a pas le choix. Dans ces cas-là, j’en profite pour checker le bateau, m’alimenter, me reposer. Un flux de sud doit rentrer. Je me place au mieux, j’essaye de ne pas me faire larguer par les petits camarades."

Manuel Cousin : "On ne devrait pas avoir du beau temps là-haut"

Manuel Cousin (Groupe SETIN) analyse une approche de l’Islande qui s’annonce compliquée. Il évoque également la relation spéciale tissée avec son bateau.

"Je ne ressens pas vraiment de fierté d’avoir tenu tête aux foilers, c’est simplement une question de placements sur l’eau, et le début de course a globalement été favorable aux bateaux à dérives. Aujourd’hui le placement plus à l’ouest des foilers commence à payer. En revanche, j’ai été bien empétolé dans l’est. Je commençais à trouver le temps long. La suite n’est pas simple. Il y a de grosses incertitudes, les deux fichiers CEP et GFS sont très divergents. Une chose est sûre : on ne devrait pas avoir de beau temps là-haut, on voit du vent assez fort. Le contournement de l’Islande ne va pas être simple mais je ferai de mon mieux. J’espère que mes soucis d’hydro générateurs sont derrière moi. J’ai réussi à bricoler les deux. Je navigue depuis 2017 sur mon bateau, je l’aime beaucoup, on l’a beaucoup modifié l’hiver dernier et je suis vraiment content, il est beaucoup plus rapide qu’avant. J’ai une relation particulière avec lui, je lui parle parfois. C’est mon compagnon de route et d’aventure. Je me sens bien à bord."

Le point course du matin

À quelques exceptions près, les 24 marins de la Vendée Arctique – Les Sables d’Olonne ont retrouvé ce jeudi matin du vent portant et de la vitesse. C’est un soulagement après les interminables heures de pétole. Solide leader, Charlie Dalin fait une échappée belle. Très à l’est, Louis Duc et Antoine Cornic poursuivent leur route le long des îles britanniques.

Damien Seguin : "Je continue à découvrir mon bateau"

Le skipper de Groupe Apicil engrange de l’expérience à bord de son nouvel IMOCA, l’ex Maître CoQ de Yannick Bestaven.

"Je ne suis pas quelqu’un qui m’énerve sur mon bateau, je suis assez zen, mais je déteste la pétole. J’essaye de rester calme même si c’est compliqué nerveusement. C’est beaucoup de psychologie. Dans ces cas-là, il faut que j’arrive à m’occuper, j’en profite pour téléphoner à des gens ou écouter des podcasts pour éviter de tourner en rond. Une dépression qui vient de l’ouest va réorganiser le flux et nous permettre de monter assez rapidement vers l’Islande. Je continue à découvrir mon bateau, c’est ma deuxième course à bord. Ca se passe plutôt bien. Cette course va être riche en enseignements car on prépare un gros chantier l’hiver prochain avec notamment de nouveaux foils et certainement une modification d’une partie de l’étrave."

Le classement de 7h

Le classement de ce jeudi 7h :

1- Charlie Dalin (APIVIA)

2- Jérémie Beyou (Charal), à 109,9 milles

3- Benjamin Ferré (Monnoyeur – Duo For A Job) à 125,6 milles


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Résumé de la journée en vidéo !

Romain Attanasio et Benjamin Ferré invités du ‘Live Course’

Les états d’âme de Romain, le large sourire de Benjamin… Les deux skippers sont revenus sur leur journée en mer lors du ‘Live Course’.

Romain Attanasio : "c'est dur de trouver la sortie" 

"Ce n’est pas la joie et ce n’est pas facile. Il faut essayer de sortir de là, c’est la 2e fois qu’on se fait piéger dans une zone sans vent. Il y a eu le 2e jour et à nouveau maintenant. On pensait que ça passerait mieux cette fois-ci. Nous sommes partis vite, peut-être trop vite. C’est dur de trouver la sortie, il faut aller vers le Nord-Ouest mais le vent ne nous emmène jamais dans la direction qu’on veut. J’appréhendais cette navigation en solitaire après un an à naviguer avec Sébastien Marsset. Mais on s’habitue à tout. Je dis souvent que je ne suis pas à l’aise en avion mais là, quand le bateau va dans tous les sens, ça allait. C’est impossible quand on va vite de ne pas être assis."

Benjamin Ferré : "je savais qu’il ne fallait rien lâcher"

"La situation est rigolote. Je me doutais qu’APIVIA allait repasser devant mais c’était marrant. Je ne me mettais pas de la pression surtout pour bien faire des choses. Je savais qu’il ne fallait rien lâcher. Avec Guirec (Soudée), on s’est fait un screenshot du classement, c’est drôle. On s’est retrouvé à côté et on a réussi à papoter entre deux bizuths. C’est chouette parce que le bateau est très bien préparé, il est génial. Je découvre les manettes du bateau, je tente des choses… Il fallait bien négocier la dorsale et là je sors de la dépression secondaire, le vent rentre progressivement en faisant de l’ouest. Ensuite, ça va être du VMG dans du vent de 15 à 20 nœuds."

 

 

Il est 19h, c'est l'heure du "Live Course" !

Guirec Soudée : "ça se passe super bien !"

Le skipper de Freelance.com ne cache pas son plaisir d’être autant en tête de flotte et décrit ses sensations à bord de son IMOCA.

"C’est vrai que ma position depuis hier est un peu une surprise. Malheureusement, ça ne devrait pas durer très longtemps. Dans la dorsale, je suis resté éveillé toute la nuit pour être à la barre et essayer de tout donner. C’est là qu’on a pris de l’avance avec Benjamin Ferré. On se contacte souvent par WhatsApp pour se donner des nouvelles, parler de nos bateaux… Là, il commence à avoir vraiment pris de l’avance et je ne sais pas trop quoi faire. Les foilers devraient aussi récupérer du vent et nous dépasser. Depuis le début, ça se passe super bien avec le bateau. Hier, j’ai tenu mon spi longtemps pour la première fois alors que je ne connaissais pas ses limites. Je n’en reviens pas d’atteindre de telles vitesses. Je parcours en l’espace d’une heure ce que je parcourrais en 1 journée sur mon bateau à rames !"