Isabelle Autissier, amoureuse du Grand Nord

L’écrivaine et navigatrice Isabelle Autissier est une passionnée des navigations dans le Grand Nord, et notamment aux abords de l’Islande. Elle a donc suivi avec intérêt la 2e édition de la Vendée Arctique – Les Sables d’Olonne. Elle évoque son amour des mers froides, les spécificités de la navigation en Islande et le difficile positionnement du curseur entre compétition de haut niveau et sécurité.

Vincent Riou analyse la 2e Vendée Arctique

Vincent Riou fait partie du cercle très fermé des marins ayant remporté le Vendée Globe (en 2004-2005), une épreuve à laquelle il a participé à quatre reprises. Très expérimenté en IMOCA, il est un observateur avisé de la Vendée Arctique – Les Sables d’Olonne. Concept de l’épreuve, décisions de la direction de course, enseignements sportifs, domination de Charlie Dalin : le point de vue de Vincent Riou est instructif. 

Expo photo sur l'Arctique : "un voyage en soi"

Vingt clichés du photographe et explorateur Florian Ledoux (32 ans) sont à découvrir au village de la Vendée Arctique - Les Sables d’Olonne, face aux pontons. Une immersion dans l’écosystème de l’Arctique et une façon, aussi, de souligner, l’impact du réchauffement climatique. Florian Ledoux raconte.

Manuel Cousin de retour aux Sables après son abandon : "Je suis déçu mais je ne regrette rien"

Ce mardi matin, Manuel Cousin (Groupe SETIN) a amarré son IMOCA sur le ponton des Sables-d’Olonne. Il est revenu sur sa course et notamment sa décision de faire demi-tour et d’abandonner face aux conditions extrêmes.

"Mes sentiments sont partagés. Je suis content d’arriver aux Sables-d’Olonne avec un bateau intact mais j’aurais préféré le faire dans un autre contexte. Ca a été un déchirement de faire demi-tour mais les conditions étaient vraiment trop extrêmes avec 60 nœuds en rafales sur les fichiers, au près. Ce n’est même plus musclé, c’est de la survie. Je n’avais pas envie de fracasser mon beau bateau. Ceux qui me connaissent le savent : ce n’est pas dans mes habitudes de lâcher l’affaire. Je suis déçu mais je ne regrette rien. Sur un Vendée Globe, il aurait été possible de se mettre à la cape, de laisser passer la dépression et de repartir car la course est longue. Mais sur une course d’une semaine ou deux comme la Vendée Arctique, cela n’a pas de sens. Tous les marins qui vont arriver aux Sables après moi vont sans doute vous le dire : on sort tous un peu groggy de cette expérience, comme après un match de boxe sérieux. C’est la course au large, on ne navigue pas toujours dans 15 nœuds et sous le soleil. Je retiens quand même des bons moments de satisfaction sur cette Vendée Arctique, j’était plutôt bien placé à un moment."

48 heures sous tension

Vendredi dernier, l’organisation a décidé de faire de la porte de l’Islande la ligne d’arrivée de cette Vendée Arctique. La raison principale : une dépression qui s’est creusée et étalée sur une partie conséquente du parcours. Ce choix ne doit rien au hasard ou à l’improvisation. Il fait suite à une succession d’analyses et de prises de décision concertées afin de veiller à la sécurité des skippers.

Clap de fin sur la Vendée Arctique 2022 !

Il est 19h, c'est l'heure du "Live Course" !

Fin de la Vendée Arctique, retour sur cette 2e édition

20 des 25 skippers engagés sur la Vendée Arctique - Les Sables d'Olonne ont franchi la ligne d'arrivée. La course est désormais terminée et le classement officiel a été validé, l'occasion de faire le bilan sportif de cette deuxième édition.

Guirec Soudée : "c'était une superbe aventure"

Après son choix audacieux de filer dans l’Est dans la dorsale, le bizuth a gardé la cadence avant de prendre la 6e place. Une sacrée prouesse pour le trentenaire qui ne disputait que sa 2e course en solitaire à bord de l’ex-Water Family de Benjamin Dutreux. Ce dimanche, il est revenu avec le sourire sur cette nouvelle aventure et sa soif intarissable d’apprendre à bord de Freelance.com.

Les dernières heures de course. "C’était chaud et intense jusqu’au bout. Je suivais au maximum Benjamin Ferré. Ce n’était pas évident, on n’avait pas la grosse dépression mais beaucoup de grains. Un moment, je vois un truc à l’AIS. C’était Louis Burton. Je n’avançais pas, j’étais à 6 nœuds et lui avait réussi à trouver du vent en suivant un couloir de nuage. J’ai essayé de revenir sur lui mais ça n’a pas fonctionné. En tout cas, c’était hyper intéressant jusqu’au bout !"

Sa sixième place "Je ne m’attendais pas du tout à ce résultat mais il faut relativiser. J’ai réussi surtout à prendre une bonne option dans la molle. Ensuite, j’ai essayé de pousser mon bateau jusqu’aux limites que je connais pour l’instant. La chance que j’ai eu, c’est de ne pas avoir eu à taper le gros coup de vent qui a balayé la flotte à la fin. Je fais clairement partie des skippers qui ont le moins d’expérience et c’est toujours le cas."

L’apprentissage. "L’objectif est toujours le même : apprendre tous les jours. J’apprends en permanence sur le bateau, sur moi, sur les réglages… Je peux parfois passer beaucoup de temps sur un détail pour qu’il soit le maximum optimisé. Je passe aussi beaucoup de temps à comparer les fichiers météos – trop à mon goût – mais je sais que c’est un facteur de réussite pour bien régler ses voiles et gagner en vitesse."

La course des bateaux à dérives. "Dans la dorsale, les foilers ont décidé de prendre plus à l’Ouest. Moi, je voulais faire une route plus directe. Pour que ça marche, il fallait être réactif, très observateur et ne pas lâcher la barre. J’ai dû passer 20 heures non-stop à la barre. Il faut bien réfléchir en permanence, être efficace et parfois prendre des risques pour que ça fonctionne. Je suis convaincu que les bateaux à dérive ont quelque chose à jouer, surtout dans ce type de conditions où on peut aller plus vite que les foilers. En tout cas, on a pris beaucoup de plaisir avec Benjamin (Ferré) !" 

La relation avec son bateau. "Je manque encore d’expérience et de recul mais je suis très content de mon bateau. Je l’ai racheté à Benjamin Dutreux et il fonctionne très bien, il est très bien entretenu et il a fait ses preuves !"

L’aventure. "C’était une superbe aventure. Il y a une poignée de minutes, je regardais par le hublot le bateau partir à 20, 25 nœuds… Je n’en reviens toujours pas d’aller aussi vite, je me sens tellement bien là où je suis. Il y a forcément une déception de voir que la course s’est arrêtée plus vite que prévue, ce n’était pas une décision facile. J’ai une grosse pensée pour ceux qui ont eu à affronter les conditions les plus extrêmes."

Louis Burton : " C’est du haut niveau "

Louis Burton (Bureau Vallée), 5e : « Les dernières heures de course ont été assez particulières parce qu’il y avait une petite dépression calée sur la ligne, avec une grande imprécision des modèles météo à positionner le centre. C’était assez intense, avec des moments sans vent et d’autres très venteux. Je suis remonté sur Freelance.com et on a régaté un petit peu à la fin, où lui était à l’aise dans le petit temps. On a même fait un croisement tribord-bâbord, c’était vachement sympa. Et puis le coup de vent est arrivé quand je me rapprochais de la ligne. J’étais sur-toilé, donc c’était un peu chaud. Pour gérer, je n’ai pas trop bordé les voiles. Ce n’était pas très propre, mais bon.

Après le passage de la ligne, j’avais pris la décision de repartir tout de suite pour éviter le gros du vent. J’ai pris de l’est. J’ai contacté les deux, trois bateaux autour de moi, et on est reparti avec Louis Duc et Arnaud Boissières, tous les trois ensemble. Quand le vent a fini par monter, je me suis recalé dans l’ouest, et les conditions ne sont pas mal, mais la mer était très formée.

Ce que je retiens de la course ? C’était super sympa et audacieux d’envisager l’Islande. On sait que c’est une région très compliquée, elle l’a montré une nouvelle fois. C’était très intense avec des bords très rapides pour les foilers, des zones de transition dans la pétole. Physiquement, ce n’est pas facile de mener ces bateaux quand ils atteignent des vitesses de 25-30 nœuds. Et psychologiquement, ça fait des ascenseurs émotionnels, quand on passe de conditions rudes à des conditions molles, il faut rapidement se remettre dans le bon mood.

Je suis plutôt content de ma course, même si j’ai eu du mal dans les zones sans vent. Je dois travailler pour maîtriser les manettes du bateau dans ces conditions. Et, à la fin de la course, je me suis rendu compte que j’avais un problème de ballast, resté rempli suite au bris de la pièce qui permet de le vider. Ce n’est pas idéal, mais au final, ça a été une super expérience. Et il y a cette bagarre avec la flotte, et c’est du haut niveau ! »

Jérémie Beyou : "il ne fallait pas perdre le Nord !"

Le skipper de Charal, 2e de cette Vendée Arctique-Les Sables d’Olonne, a fait le bilan de la course lors de la vacation de ce dimanche midi. Vainqueur de la 1ère édition, 2e de celle-ci, il évoque les derniers bords avec Charal 1, moins d’un mois avant la mise à l’eau de son nouveau bateau.

La dernière de Charal 1. "C’était la dernière course et les derniers bords avec Charal 1. Je vais surtout essayer de le ramener dans l’état dans lequel je l’ai eu. C’était un super compagnon d’aventure. J’ai eu de très bonnes sensations sur ce bateau. Il s’agit d’un IMOCA qui avait quelque chose de fort dès les premières navigations. C’était le premier IMOCA avec des grands foils. Et puis on a progressé et on a fait tellement de course avec... Il reste encore quelques jours sur ce bateau et je vais essayer d’en profiter !"

Le bilan. "Il est forcément super bon ! C’est une nouvelle place sur le podium, le 2e consécutif après la Guyader Bermudes 1000 Race en mai dernier. Stratégiquement, physiquement, c’était très complet. J’ai commencé par un bord très rapide, puis la dorsale à passer et les nombreuses phases de transition… Il ne fallait vraiment pas perdre le nord. Ça se jouait à des détails. Au final, l’option Ouest dans la dorsale était la bonne."

La course du vainqueur. "Charlie était un peu plus rapide au départ et cela s’est confirmé en sortant de la dorsale. Dans la remontée vers le Nord, il est parti vite et j’ai cravaché pour essayer de revenir."

Son état physique. "Je viens de me réveiller ! On a bien tiré sur le physique. C’était une course avec ce tronçon Nord Sud où tu subis beaucoup les phénomènes météos et ça s’enchaîne pas mal. Physiquement, il fallait être réveillé tout le temps. Une fois arrivé en Islande, j’étais bien cuit."

Les derniers arrivés. "En débutant mon convoyage, j’ai croisé les derniers qui franchissaient la ligne d’arrivée. Finir avec plus de 50 nœuds, au près et dans une mer affreuse, ce n’était vraiment pas drôle. J’ai réussi à en contacter quelques-uns. Certains avaient leur voile d’avant déchirée, leur grand-voile déchirée, sans safran… J’étais content de partir de là. Même si le vent est irrégulier, je vais y aller tranquille."

 

Romain Attanasio : groggy, mais debout

Après son passage à la porte Islande, Romain Attanasio (Fortinet - Best Western) était rincé. Il témoigne de l'âpreté du combat qu'il a mené pour couper la ligne. Impressionnant. 

Terre, terre !

Il était 21h12 en France - 19h12 en Islande - quand Fabrice Amedeo a franchi à son tour la porte Islande, signifiant la fin de sa course. Au bout de l'effort, les confins de l'Islande sont la récompense ultime.

Fabrice Amedeo (Nexans - Art & Fenêtres)

 

Louis Duc : « Des conditions musclées »

Louis Duc (Fives - Lantana Environnement) a coupé la ligne d’arrivée samedi en 8e position. Le Normand a aussitôt entamé la route du retour vers les Sables. Il a pris la plume pour raconter cette fin de course.

« La fin de la course s'est faite dans des conditions musclées. Le vent de nord-ouest s'est établi en se renforçant régulièrement. Le froid est venu avec, au près dans une trentaine de nœuds. C’était ambiance cagoule néoprène, les mains piquées par le froid, plus de nuit, mais décor sombre. J'ai aperçu les montagnes enneigées de l'Islande, un décor de conditions rudes, des paysages sauvages magnifiques !

Dès le passage de ligne, je savais que je n'irais pas au mouillage vu les conditions. J'ai fait le choix de faire route retour directement, en compagnie de Louis Burton. On s'est écarté de la côte pour éviter les dévents. Depuis que nous sommes installés en tribord amures, nous faisons route tranquillement, en se reposant.

Quand les conditions sont variées, les bateaux à dérives ont encore de beaux jours devant eux. Le bateau a beaucoup progressé cet hiver, il faut maintenant travailler sur la fiabilité, pour pouvoir attaquer en sérénité.

Je ressors de là (la remontée vers la porte Islande) en pleine forme ! Du coup, je n’ai pas hésité à reprendre la route directe vers les Sables. Les changements de voiles sont quand même largement éprouvants, il ne faut pas se tromper et bien anticiper, sinon ça peut vite devenir la cata’ ! »

Kojiro, 20e et dernier skipper à boucler la Vendée Arctique

Le dernier skipper en course, Kojiro Shiraishi (DMG MORI GLOBAL ONE) a passé la ligne à 22 h 33 ce samedi. Il termine à la 20e place après 6 jours, 5 heures, 33 minutes et 55 secondes. Avec lui se ferme donc la ligne d’arrivée de la course. La Vendée Arctique - Les Sables d’Olonne s'achève. Le classement officiel sera promulgué à la mi-journée à l'issue de la décision finale du jury.

Denis Van Weynbergh annonce son abandon

Le skipper belge qui était positionné à moins d’une vingtaine de milles de l’arrivée, a pris la décision d’abandonner à 20 h 22 ce samedi soir. Un choix qui fait suite à une succession d’avaries qui se sont multipliées à bord de Laboratoires de Biarritz depuis 48 heures.

Deux nouvelles arrivées

Conrad Colman (Imagine) a pris la 18e place après 6j 00h 33min 40s de course, à 1j 10h 19min 59s du vainqueur.

Fabrice Amedeo (Nexans - Art & Fenêtres) a pris la 19e place après 6j 04h 12min 43s de course, à 1j 18h 52min 17s du vainqueur Charlie Dalin (APIVIA).